



Après avoir été la porte-parole de "la génération non-non", Diam's peut-elle devenir l'emblème d’un Islam à la française ?
« Alors ouais on déconne, ouais ouais on étonne, non non, c'est pas l'école qui nous a dicté nos codes, non non… génération non non ». Diam’s, "La Boulette", printemps 2006. Ce refrain à peine chanté sur deux notes inonde les ondes. La rappeuse est célébrée par la presse et la profession, elle vend des millions d’albums, le show biz, les télés, tout le monde la réclame à cor et à cris.
Six ans plus tard, Mélanie Georgiades sort un livre sobrement intitulé "Diam’s, autobiographie" (Ed. Don Quichotte). Comme l’indique ce titre, la jeune femme analyse son succès, sa fortune amassée, sa dépression, comme si, enfin réconciliée avec elle-même, elle pouvait devenir observatrice de sa propre vie. Que s’est-il passé dans l’intervalle ? Diam’s, née catholique, s’est convertie à l’Islam. Dans ce premier ouvrage, elle revient longuement sur sa lecture du « Saint Coran » sous les cocotiers de l’île Maurice, qui l’a amenée à changer de religion. Ses commentaires de sourates qu’elle cite abondamment brossent en creux le portrait d’une Mélanie quelque peu naïve, bourgeois gentilhomme de l’exégèse, qui s’agenouille à chaque ligne devant les paroles d’Allah et de son Prophète Mouhammad.
Mais peu importe. Le fait est que l’influence de ce texte sur l’état moral et psychique de cette artiste que ne se sublimait que dans une forme de violence verbale et piétinait dans ses vers les piliers républicains tels que l’Ecole ou l’Assemblée Nationale semble très positive. Désormais, Mélanie Georgiades parle de paix, de sérénité, d’union entre les peuples, de respect de l’autre… Elle ne s’essuie plus les pieds sur les pouvoirs publics et le Chef de l’Etat, la haine et la frustration qui l’habitaient l’ayant quitté, comme elle l’écrit d’ailleurs dans son livre.
Mais Diams a remisé son éternel survêtement moulant et adopté la robe et le voile des femmes musulmanes pratiquantes sans, cependant, se dissimuler le visage. Et depuis son interview filmée sur TF1 dans l’émission "Sept à Huit", que n’a-t-on dit ou écrit sur elle et sa tenue grise ! Elle aurait été manipulée par des imams malveillants qui auraient profité de sa faiblesse psychologique, voire contrainte par un mari islamiste. Une rumeur a même couru selon laquelle elle refuserait désormais de rencontrer des journalistes masculins. Rien de tout cela n’est vrai.
En réalité, Diam’s qui a été le porte-drapeau d’une génération rebelle et mal dans sa peau est en train de devenir l’emblème d’un Islam rigoureux mais tolérant, dont il faudra apprendre à respecter les préceptes et coutumes à partir du moment où ils ne contreviennent pas à notre chère laïcité. En passant de la « génération non-non » à « l’appel du Saint Coran », Mélanie pourrait bien s’imposer comme le modèle positif dont notre pays a besoin pour se doter d’un Islam à la française qui, sans renier ses valeurs, demeure compatible avec la République.