



Le platine de tous les records, le vintage de toutes les ambitions, le béton de tous les délires : toute l'actu horlogère...
Horlogica cinematographica (RJ-Romain Jerome DeLorean-DNA)
La maison RJ-Romain a inventé le marché de la montre-hommage aux légendes contemporaines et à l’ADN de leurs ingrédients. Celle qui hantent l’inconscient collectif, comme le Titanic, la conquête de la Lune, la statue de la Liberté, le volcan islandais, les jeux d’arcade (Space Invader ou Pacman) ou, cet automne, le cinéma : tous les trentas-quadras se souviennent de Retour vers le futur, où une DeLorean – voiture délicieusement rétro seventies-eighties – sert à voyager dans le temps. La nouvelle DeLorean-DNA évoque la voiture, notamment son feu arrière rouge intégré dans un des compteurs du cadran, l’autre compteur reprenant le dessin original des jantes. Des éléments métalliques d’une vraie DeLorean ont été fusionnés dans l’acier de la montre, dont le bracelet a les mêmes surpiqûres que les sièges en cuir de la voiture. Série limitée à 81 exemplaires – 1981 étant l’année de lancement du film Retour vers le futur...
Horlogica britannica (Burberry The Britain)
C’est la montre du mois, sinon celle de la fin de l’année : la nouvelle collection The Britain lancée cette semaine par Burberry signe les nouvelles ambitions de la marque sur le marché de la montre, où Burberry ne faisait jusqu’ici que de la figuration. Visiblement, Burberry tente une percée qui rappelle celle de Chanel en 2000-2001, quand la J12 était devenue une des icônes de l’horlogerie contemporaine. The Britain illustre à la fois un style britannique et un esprit horloger suisse. L’inspiration reste axée autour de l’identité Burberry (touches de couleurs qui rappellent celles du trench-coat emblématique de la marque) tout comme la communication. L’exécution reste intégralement Swiss Made : le style regarde du côté des montres vintage, la réalisation est on ne peut traditionnelle (mouvements automatiques ou à quartz ) et les gammes proposées dignes du meilleur marketing horloger (déclinaisons masculines et féminines), dans ses moindres détails horlogers (la boucle du bracelet est calquée sur celle des trench-coats). La réussite est évidente et les prix restent raisonnables : le marché a les moyens de s’offrir là une des icônes des années 2010...
Horlogica betonnica (Girard-Perregaux Trilogie Le Corbusier)
On fête cette année les 125 ans de la naissance de Le Corbusier, natif de La Chaux-de-Fonds, petite ville suisse où il a fait ses premières armes architecturales, mais qui est aussi une des principales métropoles horlogères en même temps qu’un cité industrielle classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Bref, un coup de chapeau horloger à Le Corbusier s’imposait et la manufacture Girard-Perregaux (depuis 1791 !) a imaginé une trilogie (3 x 5 montres) qui reprend le motif du Modulor cher à l’architecte : une des montres de cette série s’offre un original cadran en béton, matériau fétiche de l’architecte, qui lui a donné ses lettres de noblesse dans l’art architectural (ne manquer la vidéo de présentation des techniques de fabrication de ce cadran en béton). Le résultat esthétique est surprenant, avec une teinte gris ciment du meilleur effet et des effets de granulation qui font de cette sculpture de poignet un étonnant et respectueux hommage au plus célèbre « bétonneur » de cette planète – pour le meilleur (ses créations) et pour le pire (les exagérations de ses suiveurs)...
Horlogica furiosa (Franck Muller Thunderbolt)
Le tourbillon est un dispositif horloger qui fait tourner dans toutes les positions le « cœur battant » de la montre pour éviter les imprécisions dues aux effets la gravitation. Généralement, ces tourbillons tournent sur eux-mêmes une fois par minute. Le nouveau tourbillon rapide de Franck Muller est douze fois plus rapide, puisqu’il effectue sa révolution en cinq seconde ! Tout en donnant l’heure avec la même régularité que les autres montres, mais avec une précision accrue. C’est un tourbillon-TGV, pour l’instant, record du monde de sa spécialité dans la catégorie tradition mécanique suisse. La performance micro-technique n’est pas mince, mais il a longtemps que la marque Franck Muller s’est imposée comme « Master of Complications » : on pourra découvrir cette première mondiale dès cette semaine, au salon WPHH qui réunit à Monaco l’élite de l’horlogerie mondiale...
Horlogica preciosa (Eberhard & Co Gilda)
Gilda, c’est une forme pure et douce, un ovale élargi que notre génétique culturelle relie inconsciemment à des valeurs féminines – ce qui tombe bien, puisque la manufacture suisse Eberhard & Cie (depuis 1887) a dédié cette collection Gilda aux femmes contemporaines. En version plus joaillière, les pierres précieuses viennent habiller ce boîtier aux proportions parfaites, en soulignant de sertissages colorés quelques détails qui exhaussent l’élégance de la montre, comme la « bulle » de saphirs posée sur le cadran, mais prolongée sur le boîtier. Une feuille de saphirs complète l’harmonie en débordant elle aussi du cadran vers la lunette de la montre. Si le père Noël était sympa, il en mettrait dans sa hotte pour le déposer sous le sapin des femmes qu’on aime...
Horlogica fantastica (Christie’s, lot n° 151)
À quoi peut bien ressembler une montre-bracelet qui peut battre le record du monde des enchères et vaudrait dans les 5 millions d’euros ? Le précédent record (4 millions de dollars) remonte à 2002, pour une Patek Philippe de 1948. Le prochain record pourrait tomber en novembre avec une autre Patek Philippe, datée celle-là de 1987 (chronographe référence 2499/100 en platine) : cinq à six millions de dollars pourraient tomber sous le marteau d’Aurel Bacs, le magicien des enchères de montres à Genève. Explications possibles : la rareté de la montre (la seule en mains privées, l’autre appartenant à la collection privée du propriétaire de Patek Philippe), son origine prestigieuse (elle appartenait au guitariste collectionneur Eric Clapton), son esthétique séduisante (bel équilibre des trois compteurs, des phases de lune et des indications calendaires) et sa « couleur » (les aficionados de la marque préfèrent ces montres compliquées en métal blanc, surtout en platine, plus rare, plutôt qu’en métal jaune ou rose). Il n’y a guère qu’une vingtaine de grands collectionneurs capables de s’affronter sur de telles enchères à sept chiffres : la bataille s’annonce mémorable – d’autant que cette Patek Philippe ne sera pas peut-être pas la seule candidate pour battre le record du monde de 3002...
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